Qu’appelle-t-on Art asiatique ?
L’art asiatique dans le marché de l’art est très vaste. Il regroupe en fait les pays et les cultures de l’est et du sud du continent asiatique : Japon, Chine, Vietnam, Inde, Indonésie…Toutes les périodes de création et de production sont concernées. Des temps archéologiques anciens jusqu’aux productions contemporaines.
En quoi consiste votre activité d’expert d’art asiatique ?
Je suis sollicitée par les commissaires-priseurs pour réaliser l’expertise des œuvres et des objets asiatiques afin qu’ils soient proposés en vente aux enchères avec un descriptif précis et une estimation qui corresponde à la réalité du marché. Les particuliers peuvent également directement me confier les objets à l’expertise. J’ai d’ailleurs tissé des liens de confiance avec un réseau de collectionneurs privés pour lesquels je fais du courtage : je leur cherche des lots pour enrichir leurs collections et ils peuvent également me confier des objets à la vente. Et depuis quelques mois je réponds aux demandes d’estimations de France Estimations !
Comment êtes-vous venu à vous intéresser à l’art asiatique ? Quel est votre parcours ?
Je suis passée par l’Ecole du Louvre et la Sorbonne avant d’intégrer l’ICART, une école parisienne spécialisée dans le marché de l’art. Suite à mes études, j’ai travaillé 9 ans pour l’expert Michel Cohen. C’est là que j’ai réellement découvert l’art asiatique et que je me suis spécialisée en étudiant les centaines d’objets que l’on nous confiait à l’expertise. J’ai trouvé ce domaine passionnant et je ne l’ai pas quitté depuis ! Je me suis ensuite occupée d’une structure culturelle dédiée aux arts de l’Himalaya avant d’ouvrir mon cabinet d’expertise d’art d’Asie près de Drouot à Paris.
En France, à Paris, plusieurs experts sont spécialisés en art asiatique (Pierre Ansas, Thierry Portier, Anne Papillon d’Alton). Quels sont vos domaines de spécialité ?
Je suis un expert d’Art asiatique généraliste comme mes confrères, c’est-à-dire que mon domaine d’expertise concerne aussi bien la Chine, que le Japon ou le Vietnam. Mais j’ai également des compétences techniques dans des domaines moins connus de l’expertise notamment les pièces anciennes dites archéologiques. Je connais également très bien l’Himalaya et l’Inde classique.
Je dirais aussi que je tiens à rester facilement accessible en répondant rapidement aux demandes d’estimations et d’expertise, que ce soit dans mon cabinet à Drouot ou sur France Estimations.
Quelles sont à votre avis les qualités primordiales dans l’expertise d’art asiatique ?
En art asiatique, comme dans tous les domaines d’expertise d’art, je dirais en premier lieu qu’il faut s’avoir douter et s’interroger mais également avoir envie de chercher. Je reste humble face aux objets car il reste toujours à apprendre. Il faut également savoir s’émerveiller ! Et ouvrir l’œil bien sûr !
Quelle est votre plus grande satisfaction dans votre métier ?
Tomber sur un objet oublié et le sortir de l’ombre en retrouvant son histoire et en le valorisant. Il y a peu, je suis tombée sur une verseuse en jade oubliée au fond d’une armoire. Elle allait finir au rebut. Au fil d’une véritable enquête en archives et au musée de Fontainebleau qui possède une belle collection Asie, j’ai découvert s’agissait d’une verseuse provenant du Palais d’été à Pékin ! Elle a fait un très joli prix en vente aux enchères. C’est pour ces belles histoires aussi que j’adore mon métier !
Quelques questions sur le marché de l’art asiatique
En vente aux enchères, on assiste régulièrement à des envolées des prix très importantes. Comment l’expliquer ?
Le marché de l’art asiatique a explosé depuis une quinzaine d’années dans le monde et en France. Les asiatiques comptent de plus en plus de collectionneurs avec de très gros moyens. Ils ont vraiment à cœur de faire revenir leur patrimoine dans leur pays. Effectivement, on assiste régulièrement à des batailles d’enchères parfois vertigineuses. C’est un marché qui peut vraiment créer la surprise. C’est aussi ce qui le rend si passionnant.
J’ai une œuvre d’art asiatique chez moi. Comment le vendre au meilleur prix ?
Tout dépend de l’objet et de vos souhaits. Le rôle de l’expert indépendant est également de conseiller. Les enchères permettent d’avoir une bonne publicité et une grande audience. La vente privée, ou de gré à gré, est confidentielle et rapide. En fonction des pièces un dépôt vente chez un marchand spécialisé peut également être intéressant.
En France, à Paris dans votre galerie ou en vente aux enchères, qui sont les collectionneurs d’art asiatique et que recherchent-il ?
L’art asiatique en France est beaucoup acheté par les asiatiques, qu’ils soient collectionneurs privés ou marchands. Ces dernières années en Chine on assiste à multiplications des musées privés. Les Chinois vont rechercher des porcelaines bien sûr, mais également des jades, des bronzes dorés…et les peintures si elles sont anciennes et signées.
Les acheteurs français achètent de l’art d’Asie également. Des collectionneurs chevronnés, mais également de simples amateurs sur un coup de cœur. Il ne faut pas oublier le grand potentiel décoratif de l’art d’Asie ! Les armures de samouraï, les bouddhas ou les jolis vases épurés trouvent facilement leur place dans un intérieur contemporain.
Depuis une quinzaine d’années, le marché de l’art asiatique est devenu très actif dans le monde et en France. Les objets, vases ou œuvres d’art asiatiques sont-ils amenés à prendre encore de la valeur dans les années à venir ?
C’est un marché très actif effectivement, mais qui bouge vite. Les centres d’intérêts des collectionneurs évoluent rapidement. Les terres cuites chinoise de la dynastie Tang qui affolaient les enchères il y a quelques années se sont complètement effondrées. Entre temps, les bronzes dorés ou les jades ont explosé. Les vases de la dynastie Song remontent également et on assiste à la progression du Vietnam et la Corée. J’invite donc à la prudence. Le marché nous est favorable actuellement, il faut en profiter. Mais difficile de prédire comment il va évoluer…