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Les poinçons d’argent sous l’Ancien Régime (avant 1797)
L’orfèvrerie regroupe les objets crées à partir de matériaux précieux d’or ou d’argent. Quand l’argent est doré, on parle de vermeil car il s’agit d’une très mince couche d’or faites au mercure (poudre d’or à chaud).
En 1275, un système de poinçons est mis en place afin de contrôler le titre des alliages et ainsi éviter les fraudes. Pour l’argent, il existe dans un premier temps un poinçon unique, le poinçon de ville. Ce poinçon reprend des éléments des armoiries de la ville.
En 1355, il est nécessaire d’ajouter un deuxième poinçon comme signature du maitre orfèvre. Ce poinçon dit d’orfèvre, se compose des initiales de l’orfèvre. A Paris, les initiales sont entourées d’une couronne surmontant une fleur de lys (symbole du royaume de France) entourée de deux grains de remède.
Le poinçon de ville est remplacé par le poinçon de communauté ou poinçon de jurande au XVème siècle et jusqu’en 1676. Il représente une lettre-date qui change chaque année de typographie et de lettre couronnée. Il garantit la présence d’au moins 95% d’argent dans l’alliage.
En 1674, Colbert met en place le système à quatre poinçons en ajoutant au poinçon de communauté et au poinçon d’orfèvre, le poinçon de charge et le poinçon de décharge. Le poinçon de charge est apposé pendant la fabrication de l’objet pour engager l’orfèvre à s’acquitter de la taxe sur les métaux précieux. Il consiste également en une lettre couronnée dont la graphie changeait chaque fois que le Sous-Fermier Général chargé du recouvrement de l’impôt changeait. Chaque lettre correspond à une ville et permet ainsi de connaître aisément le lieu de fabrication de la pièce. Les poinçons de charge représentent la lettre monétaire de la ville. Par exemple, « A » pour Paris et « K » pour Bordeaux. Le poinçon de décharge est de petites dimensions, il représente un élément végétal ou animalier.
A la fin de la fabrication est insculpé le poinçon de décharge prouvant que l’orfèvre a bien payé l’impôt. Il s’agit d’un symbole qui change régulièrement et qui dépend également du poids de l’objet. Par exemple à Paris, le poinçon de décharge des petits ouvrages de 1762 à 1768 est une rose épanouie et celui en vigueur pour les gros ouvrages figure une tête de chien.
Pour résumé, certains poinçons correspondent à des périodes et à des orfèvres. C’est pourquoi il est important de lire et d’étudier les poinçons.
Les poinçons d’argent de la Période Révolutionnaire (1789-1798)
Ce système persiste jusqu’à la Révolution. Il se voit aboli de même que le système de corporation et la taxe sur les métaux précieux. Ainsi pendant la période révolutionnaire (1789/1791 – 1798) il n’y a plus de contrôle de titre du métal. Ce qui conduit à de nombreux abus et fraudes et surtout à des productions de moindre qualité. On note tout de même une tentative de contrôle par l’Association des Orfèvres. Par le biais des poinçons tête de femme grecque, tête de sanglier, et tête de cheval.
Les poinçons d’argent sous le Nouveau Régime
Les poinçons d’argent de 1798 à 1809
En 1797, le Directoire impose des contrôles et les bureaux de garanties remplacent les jurandes qui existent toujours aujourd’hui. Le système est simple et trois poinçons viennent désormais habiller les pièces d’orfèvrerie : le poinçon de maître qui se trouve dans un losange, le poinçon de titre (800/1000e ou 950/1000e) et le poinçon de garantie (grosse, petite ou moyenne selon la taille de l’ouvrage).
Ainsi de 1798 à 1809, le poinçon de titre connait deux variantes. Un coq ayant la tête tournée à gauche avec un chiffre 1 placé devant les pattes garanti le premier titre (95% d’argent). Et le coq combattant avec le chiffre 2 placé derrière les pattes correspond au deuxième titre (80% d’argent). Quant au poinçon de garantie, il prend la forme d’une tête de vieillard de face dans un ovale pour la grosse garantie. Dans un cercle pour la moyenne garantie et devient un faisceau de licteur pour la petite garantie.
Les poinçons d’argent de 1809 à 1819
De 1809 à 1819 le poinçon de titre reste un coq, communément appelé « deuxième coq » pour le distinguer de la période précédente et du « premier coq ». En revanche celui-ci est désormais dans un double encadrement (appelé « listel ») et est différent pour Paris et pour la province.
Ainsi, les productions parisiennes comportant au moins 95% d’argent (le 1er titre) portent un coq tourné vers la droite dans un encadrement octogonal horizontal à double listel et avec le chiffre 1 en bas à droite. Quant au poinçon du deuxième titre de Paris (80%), il s’agit d’un coq tourné vers la gauche mais avec la tête regardant vers la droite, dans un rectangle vertical à angles convexes et avec le chiffre 2 en bas à gauche.
A contrario, le poinçon de 1er titre pour la province est un coq tourné vers la droite dans un ovale avec le chiffre 1 en haut, et le 2e titre est un coq tourné vers la gauche dans un octogone vertical et avec le chiffre 2 en bas à gauche.
Pour les poinçons de garantie les choses sont également différentes selon que l’on se situe à Paris ou non. Pour les productions parisiennes on trouve ainsi :
Les types de garantie:
La grosse garantie : Un double listel circulaire dans lequel figure un visage tourné vers la gauche
La moyenne garantie : Un listel simple circulaire dans lequel figure un visage tourné vers la droite
La petite garantie : Un faisceau de licteur
Pour les productions de province on distingue :
La grosse garantie : Un double listel circulaire dans lequel figure un visage tourné vers la gauche et encadré des chiffres du département.
La moyenne garantie : Un listel simple circulaire dans lequel figure un visage casqué tourné vers la droite, les chiffres du département étant indiqués sur le casque.
La petite garantie : Un faisceau de licteur d’un dessin différent de celui de Paris.
Les poinçons d’argent de 1819 à 1838
De 1819 à 1838, le système des trois poinçons persiste sans qu’il n’y ait de changements concernant le poinçon d’orfèvre. Les deux titres du métal demeurent inchangés et le principe de distinction des poinçons entre Paris et la province également.
En revanche, le poinçon de Paris pour le 1er titre devient une tête de vieillard (dit aussi « Michel Ange ») tournée vers la droite avec le chiffre 1, le tout dans un octogone. Le poinçon deuxième titre est une tête de vieille femme tournée à gauche et le chiffre 2 dans un octogone.
Concernant les productions de Province, le 1er titre est contrôlé par un poinçon hexagonal en double-listel. Elle représente une tête de vieille femme tournée à droite, le chiffre 1 à gauche. Enfin, le poinçon de 2e titre est un rectangle aux plus grands côtés arrondis, à double listel. Et figure une tête de vieillard tourné vers la gauche ainsi que le chiffre 2.
Ensuite, les poinçons de garantie varient toujours selon la taille de l’ouvrage. S’agissant de la capitale, on distingue :
La grosse garantie : Une tête de Cérès tournée vers la gauche dans un encadrement circulaire.
La moyenne garantie : Un masque de théâtre de face dans un encadrement circulaire.
La petite garantie : Une tête de lièvre tournée vers la droite.
Quant au poinçon de grosse garantie des villes de Province, il s’agit d’une tête d’Hercule encadrée des chiffres du département dans un ovale horizontal.
Depuis 1838
On assiste à une simplification du système des poinçons en 1838 où l’on passe de trois à deux poinçons : Le poinçon d’orfèvre toujours dans un losange depuis 1797 et un poinçon unique fusionnant le poinçon de titre et de garantie qui faisaient en réalité double emploi. En outre, il n’y a (presque) plus de distinction de poinçon entre Paris et la Province et l’harmonisation est nationale.
On voit ainsi apparaitre la fameuse tête de Minerve pour les gros et moyens ouvrages. Et une tête de sanglier (en vigueur jusqu’en 1962 pour Paris). Ou un crabe (toujours en vigueur pour les départements) pour les petits ouvrages. Notez que les poinçons des petits ouvrages ne garantissent qu’un titre minimum de 800/1000e.
Pour les gros et moyens ouvrages, la Minerve du 1er titre prend place dans un encadrement octogonal. Elle est tournée vers la droite. Et le chiffre 1 figure devant son front. Quant à la Minerve garantissant le 2e titre. Elle figure dans un rectangle aux grands côtés arrondis. Elle est également tournée vers la droite. Et le chiffre 2 figure sous son menton.
Pour terminer, les derniers changements ont eu lieu en 1973. À cette date, le premier titre passe de 950 à 925. Ainsi, la Minerve 1er titre change d’aspect et le chiffre 1 initialement devant le front passe en bas à gauche. De plus, une lettre vient s’ajouter sous le menton afin de faciliter la datation des pièces. Cette lettre change par ordre alphabétique tous les 10 ans en commençant par le A de 1973 à 1982. Si le deuxième titre reste à 800, le poinçon n’est pas modifié.
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