Artiste symboliste, Odilon Redon (1840-1914) est reconnu comme une figure clé des débuts de l’art moderne. Arrivé à Paris, il entre dans l’atelier du peintre académique Jean-Léon Gérôme, tandis qu’il fréquente les artistes de l’École de Barbizon, les Impressionnistes, puis les Nabis. Peintre, dessinateur, l’artiste est avant tout remarqué pour son premier album de lithographies, dès la fin des années 1870.
Odilon Redon fait de la lithographie une véritable pratique artistique au début des années 1890. Il tente de reproduire ses dessins au fusain, son univers étrange et fantasmagorique, sur la pierre. L’artiste représente des créatures hybrides inspirées de ses souvenirs d’enfance, de la nature, de la mort, de la religion ou de la mythologie. Ces figures, imprégnées de mysticisme, sont dévoilées au travers de teintes noires de différentes intensités. Elles se détachent d’un fond composé d’ombres, ou s’y confondent. L’artiste réalise également les illustrations de cette facture pour différents ouvrages tels que « Les Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire, ou « Les Tentations de Saint-Antoine » de Gustave Flaubert.
En 1913, de nombreux tableaux d’Odilon Redon sont présentés dans l’iconique exposition étasunienne consacrée à l’art moderne, l’Armory Show. Dans l’actualité, l’artiste est toujours considéré comme une figure clé de l’histoire de l’art. En 2011, il est mis à l’honneur dans une exposition labellisée « d’intérêt national », organisée au Grand Palais. Dans le marché de l’art, les lithographies de l’artiste obtiennent une très jolie cote. Les collectionneurs sont particulièrement friands des portfolios, réunissant de nombreuses lithographies. De manière générale, Odilon Redon est une valeur sûre du marché de l’art.
Pour une lithographie d’Odilon Redon, les estimations et les prix varient en fonction du motif représenté et du style. Ils débutent en moyenne entre 200 et 15 000 euros pour des lithographies représentants des portraits, aux accents plus réalistes, avec moins de contrastes. En 2005, une des rares lithographies en couleur présentes sur le marché dépasse les estimations des experts. « Beatrice » est adjugée à la jolie somme de 54 292 € au cours d’une vente (Sotheby’s, New York).
Pour une lithographie caractéristique de l’artiste, aux motifs étranges et aux noirs très prononcés, les estimations et les prix varient en moyenne entre 15 000 et 70 000 euros. Certains tirages ont particulièrement la cote auprès des collectionneurs. Pour un « Pégase Captif », il faut compter entre 30 000 et 60 000 euros. En 2013, l’un des tirages, rehaussé à l’encre de Chine, dépasse largement les estimations à l’expertise. Ce « Pégase Captif » est adjugé à 615 910 € lors d’une vente aux enchères (Christie’s, New York).
Les portfolios, réunissant plusieurs lithographies, rapportent naturellement les meilleurs résultats de vente. Pour l’un d’entre eux, les prix oscillent entre 80 000 et 350 000 euros. Pour « La Tentation de Saint-Antoine – Texte de Gustave Flaubert », les prix s’établissent en moyenne entre 70 000 et 100 000 euros, à l’exception de certains tirages rehaussés à l’encre de Chine. En 2013, l’un d’entre eux est adjugée à la très belle somme de 869 520 € au cours d’une vente aux enchères (Christie’s, New York).
« La Tentation de Saint-Antoine », Lithographie, Chine appliquée, portfolio, adjugé 869 520 € en 2013 (Christie’s, New York)