L’architecte et designer italien radical Ettore Sottsass (1917-2007), fondateur du groupe Memphis, s’intéresse et produit de nombreux vases en céramique, porcelaine, verre ou cristal, une manière pour lui de renouer avec ses origines italiennes. Les vases d’Ettore Sottsass, céramiques ou verreries, reprennent le langage propre au designer : vocabulaire formel géométrique simple, mélange des matières et couleurs vives. Sottsass joue sur la transparence et l’opacité du verre, et assemble verre et céramique de façon provocante et inhabituelle sur différentes parties de ses vases. Certaines pièces sont restées célèbres, comme celles des séries « Céramiques des Ténèbres » et « Céramiques des Lumières » de 1962, qui font suite à une longue maladie, le vase « Shiva » de 1973 en forme de pénis rose, ou encore la série de quatorze vases féminins réalisés pour la Manufacture de Sèvres en 1993 (« Cléopâtre », « Juliette », « Salomé », etc.).
Les vases d’Ettore Sottsass sont fabriqués en collaboration avec des institutions renommées, comme Murano, la Manufacture de Sèvres ou encore Cirva (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques). Les séries des « Ténèbres » et des « Lumières » sont rapidement exposées à Stockholm, et d’autres expositions ont lieu en Italie ou aux Etats-Unis. La Manufacture de Sèvres consacre même une exposition aux céramiques réalisées en collaboration avec Ettore Sottsass en 2013. Ettore Sottsass représente ainsi de son vivant et encore aujourd’hui une valeur sûre du marché de l’art. Globalement, la cote du design, historique ou contemporain, est excellente, et les collectionneurs recherchent aussi les petits objets, comme les vases. Les designers italiens sont en pleine croissance sur le marché ; la cote des vases d’Ettore Sottsass est ainsi très bonne. Certains vases, uniques ou édités en un nombre d’éditions limitées (pas plus de dix) peuvent même afficher une cote remarquable sur le marché de l’art.
Les vases d’Ettore Sottsass affichent des estimations à l’expertise oscillant entre 1 000 €, pour les vases éditées en plusieurs exemplaires, et 60 000 €, pour les pièces les plus rares et les plus exceptionnelles. Un vase en céramique de la série « Yantra di Terracotta », édité en 34 exemplaires, a ainsi été adjugé au prix de 4 905 € (frais compris), plus du double de son estimation basse, en octobre 2018 à Londres (Phillips). Le vase « No. 21 » de 2006, d’une édition de 9 exemplaires, en verre et aluminium, a été adjugé en salle des ventes au prix de 8 500 € (frais compris) en juin 2018 à Chicago (Wright). Certains vases d’Ettore Sottsass dépassent largement l’estimation définie par les experts, comme le vase « Cozek » de 2006, en porcelaine de Sèvres avec des bâtons de verre rouge, vendu aux enchères au prix de 40 300 € (frais compris), entre cinq et huit fois son estimation, en octobre 2018 à Paris (Artcurial).
Certains vases uniques affichent une cote plus importante et peuvent atteindre une valeur exceptionnelle en salle des ventes, parce qu’ils appartiennent à une série célèbre ou bien parce qu’ils sont d’une extrême rareté (notamment les vases les plus anciens). Un vase en céramique émaillée de la série des « Ténèbres » a ainsi été adjugé au prix d’achat de 49 400 € (frais compris) en octobre 2018 à Paris (Artcurial). Un vase « Lava » de 1955 en céramique partiellement émaillée a même été adjugé au prix exceptionnel de 114 010 euros (frais compris), près de huit fois son estimation haute, en juin 2008 à Paris (Artcurial).
« Portovaso », vase en céramique émaillée, 1960, Ettore Sottsass, adjugé au prix de 12 011 € à Londres en 2017 (Christie’s)