Bien qu’il soit avant tout connu pour sa peinture, Jean Fautrier (1898-1964) se forme d’abord au dessin et à la gravure. La pratique du dessin et celle de la peinture de l’artiste se déroulent et évoluent parallèlement en s’influençant réciproquement. Par exemple, c’est notamment en interrogeant les possibilités du papier que Jean Fautrier en viendra à inventer les empâtements, technique employée pour la célèbre série « Les Otages » initiatrice de l’art informel.
Bien que les dessins de Jean Fautrier évoluent au gré des différentes étapes stylistiques, un sujet semble les traverser : l’exploration du corps féminin. Dans les années 1920, l’artiste réalise à la sanguine des nus très réalistes, d’après modèle vivant, puis des nus noirs frottés au crayon et au fusain. Dans les années 1940, Jean Fautrier, très influencé par les arts africains, délaisse le réalisme pour des nus elliptiques arabesques délicates, réalisés à la plume. Durant cette période, il illustre nombres des écrits de ses amis tels que Georges Bataille, Paul Éluard, Jean Paulhan ou Francis Ponge. Progressivement, les nus féminins de Jean Fautrier tendent à l’abstraction et évoluent, dans les années 1950, en pur signe érotique.
Sur le marché de l’art, les dessins de Jean Fautrier sont mis à l’honneur. Les fourchettes de prix sont à nouveau très amples et dépendent des différentes périodes de l’artiste. Si les différentes périodes sont présentes sur le marché, on constate toutefois que les nus très réalistes à la sanguine ont particulièrement la cote, ainsi que les nus aux arabesques des années 1940, très appréciés également, ou encore les dessins où les expérimentations plastiques priment.
Les dessins de Jean Fautrier occupent une très belle place sur le marché de l’art. Les estimations et les prix à l’achat oscillent entre 300 et 15 000 euros. Les premiers nus très réalistes réalisés à la sanguine ont particulièrement la cote. En effet, il faut compter entre 4 000 et 15 000 euros par dessin lors d’une vente aux enchères. En juillet 2018, le « Nu », grand format à la sanguine et au fusain, s’est envolé à 15 950 € * (Boisgirard, Paris).
Les nus elliptiques des années 1940 font également de jolis prix. Les estimations et les prix à l’achat varient ainsi entre 300 et 3 500 euros. Citons par exemple le « Nu étendu », réalisé à la plume en 1945, qui est adjugé à 4 750 € * lors d’une vente aux enchères en mai 2017 (Dorotheum, Vienne). On retrouve également sur le marché les dessins de nus au fusain et au crayon, des années 1930, pour lesquels il faut compter en moyenne 1 000 euros.
Enfin, les dessins des années 1950 et 1960 sont également recherchés sur le marché. Si les estimations et les prix à l’achat oscillent entre 500 et 2 500 euros, certains dessins d’exception décollent à des prix joliment élevés. C’est le cas, par exemple, de « Composition » de 1958 adjugé à 13 000 € * (Cornette de Saint-Cyr, Paris) ou encore de « Lilac Bleu » de 1959 adjugé à 8 750 € * (Christie’s, Paris). Ces deux dessins sont tous deux réalisés à l’aide de différentes techniques picturales sur papier buvard marouflé sur toile : ils témoignent ainsi de l’exploration permanente, par Jean Fautrier, des possibilités offertes par le papier.
* Frais compris
« Nu », Sanguine et fusain sur papier, vers 1924, Jean Fautrier adjugé à 13 130 € en 2018 (Sotheby’s, Paris)