Le peintre surréaliste belge René Magritte (1898-1967) est également un grand dessinateur. Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, René Magritte rencontre le peintre avant-gardiste Victor Servranckx pour qui il travaille en tant que dessinateur dans son usine de papier. René Magritte s’illustre par la suite comme dessinateur publicitaire, réalisant des affiches, des couvertures de partitions ou de revues, et des projets décoratifs pour du mobilier ou comme pour la maison de couture Norine. René Magritte illustre également par ses dessins les recueils de poésie « Chants de Maldoror » de Lautréamont et « Nécessités de la vie » de Paul Eluard. Comme en peinture, les dessins de René Magritte affichent un tracé précis et réaliste qui tranche avec l’absurdité de ses représentations, où les objets et êtres du quotidien se côtoient sans cohérence dans des perspectives et des échelles inattendues.
René Magritte expose dès 1927 à la galerie Le Centaure à Bruxelles, puis à New York et Paris. Sa reconnaissance est progressive et c’est surtout à la fin de sa vie que son succès apparait, avec plusieurs expositions rétrospectives, dont une au Museum of Modern Art de New York. Aujourd’hui, beaucoup d’œuvres de Magritte se trouvent dans des collections particulières. Magritte est assez présent sur le marché de l’art, et les dessins de René Magritte représentent environ un tiers des œuvres proposées. La cote des dessins de Magritte est excellente et croissante depuis plusieurs décennies. Les dessins les plus aboutis peuvent atteindre beaucoup de valeur sur le marché.
Les estimations pour les dessins de René Magritte sont très variables selon la qualité technique du dessin. Un croquis a une estimation moyenne comprise entre 1 500 € et 30 000 €. Les dessins de Magritte plus aboutis, souvent des études préalables pour des tableaux, sont plutôt estimés à l’expertise entre 40 000 € et 150 000 €. Le tracé est alors souvent plus net et plus coloré, plus représentatif du style de Magritte, et la technique est enrichie (lavis, sanguine, crayons de couleur, aquarelle, etc.). Le sujet du tableau (étude d’un tableau célèbre) peut également jouer sur la cote du dessin. Les estimations des experts des dessins de René Magritte sont fréquemment dépassées en salle des ventes.
Le dessin « La leçon d’esthétique », au crayon sur papier, a ainsi été vendu aux enchères au prix de 8 130 € (frais compris), le double de son estimation basse, en mars 2018 à Paris (Sotheby’s). Un dessin aux crayons de couleurs sans titre de 1954, au trait plus précis, a été adjugé au prix d’achat de 59 325 € (frais compris), plus du double de son estimation basse, en juin 2018 à Londres (Christie’s). Un autre dessin sans titre, réalisé au crayon vers 1947, en enrichi d’aquarelle et d’encre, a été vendu en salle des ventes au prix de 193 380 €, entre quatre et sept fois son estimation, en février 2016 à Londres (Christie’s). Le dessin très abouti « Le Carnaval du sage » de 1947, à la sanguine et à l’aquarelle, a même atteint le prix de 483 092 euros (frais compris) en novembre 2014 à New York (Sotheby’s).
« Le bain de cristal », sanguine sur papier, vers 1946-1949, René Magritte, adjugé au prix de 159 600 € à Londres en 2017 (Bonhams)