Écrivain, poète, dessinateur, Henri Michaux (1899-1984) s’intéresse en particulier à l’art psychiatrique et à celui des enfants, ainsi qu’à la médecine et à la science en général. Nourris également de ses voyages psychiques et matériels, les dessins d’Henri Michaux visent à comprendre les mouvements et les mécanismes de la pensée. Dans cette entreprise, l’encre de Chine se révèle être la technique de prédilection de l’artiste.
Dans ses dessins à l’encre, Henri Michaux traduit visuellement la complexité de la psyché. Influencé par la calligraphie, il réalise un alphabet à l’encre constitué de signes et de pictogrammes. Sur le papier, les lettres sont disposées en colonne ou en frise. En parallèle, l’artiste réalise de grandes compositions. Les figures se forment et se déforment, s’entremêlent les unes aux autres, pareilles à la fluidité de la pensée. Des touches colorées de gouache ou d’aquarelle viennent parfois s’ajouter à la profonde noirceur de l’encre. Dans les années 1950, Henri Michaux expérimente la mescaline, dont il témoigne dans différents récits mêlés de dessins. Leur esthétique gagne en clarté dans la composition et les tons, et le graphisme devient plus incisif dans la ligne et les formes.
Bien qu’ils demeurent méconnus du grand public, les dessins d’Henri Michaux ont intégré de grandes collections mondiales telles que celles du MoMA de New York, de la Tate de Londres ou de la Reina Sofia de Madrid. En 2018, le musée Guggenheim de Bilbao et les galeries parisiennes Berthet-Aittouarès et Lelong lui consacrent de grandes expositions. Sur le marché de l’art, les dessins à l’encre d’Henri Michaux atteignent une cote remarquable. Les dessins mescaliniens sont particulièrement appréciés des collectionneurs. Henri Michaux devient une valeur sûre du marché.
Pour un dessin à l’encre de Chine d’Henri Michaux, les estimations et les prix à l’achat varient en fonction du format, de l’esthétique et du nombre de technique employée.
Les prix débutent en moyenne entre 10 000 et 15 000 euros pour des encres de petit à moyen format (moins de 70 cm), représentant des lettres de l’alphabet de Michaux, ou des compositions aux figures entremêlées. En 2017, « Untitled », une encre de Chine sur papier, est adjugée à la somme de 16 250 €* au cours d’une vente aux enchères (Sotheby’s, Paris).
Les dessins à l’encre de chine combinée à des touches d’aquarelle, de gouache ou d’encre de couleurs obtiennent de meilleurs résultats de vente. Les prix oscillent en moyenne entre 15 000 et 35 000 euros pour l’une de ces encres, qui représentent des signes de l’alphabet ou des compositions aux figures entremêlées. En 2018, l’une d’entre elles double les estimations des experts. L’encre de chine et aquarelle sur papier « Sans titre » s’envole à la jolie somme de 70 000 €* lors d’une vente (Sotheby’s, Paris).
Les dessins mescaliniens ont particulièrement la cote auprès des collectionneurs. Les prix débutent à 15 000 euros, et se stabilisent entre 30 000 et 55 000 euros pour les plus grands formats et/ou les encres de chine aux touches colorées. En 2014, l’un d’entre eux dépasse les estimations à l’expertise. L’encre de chine et encre de couleurs sur papier « Dessin mescalinien » est adjugée à 67 500 €* au cours d’une vente (Sotheby’s, Paris).
* Frais compris
« Sans titre », Encre de chine et encre de couleur sur papier, Henri Michaux, adjugé à 30 000 € en 2016 (Christie’s, Paris)