Père fondateur de l’impressionnisme, Camille Pissarro (1830-1903) a produit un grand nombre de dessins. Ceux-ci se distinguent des peintures tant par leur manière que par les sujets abordés. Les scènes de la vie paysanne (cueillette, récolte, fenaison, gardeuse d’oies, bergère, blanchisseuse…) et les scènes de genre (la foire à Gisors, le marché aux œufs) prévalent sur les paysages et les vues de Paris. Camille Pissarro a expérimenté plusieurs médiums, du pastel à la gouache sur soie, en passant par l’encre et l’aquarelle sur papier découpé en arche. Ses dessins permettent tant de documenter ses peintures que de retracer ses explorations artistiques, notamment dans les années 1880 et 1890 lors desquelles Pissarro approche de nouveaux styles comme le synthétisme de Gauguin ou le divisionnisme.
Camille Pissarro occupe une place à la fois angulaire et singulière au sein du mouvement impressionniste. Exposé chez Paul Durand-Ruel puis Ambroise Vollard, il acquiert rapidement une figure de « patriarche », dont l’influence sur ses comparses n’est plus à prouver. Sur le marché de l’art actuel, les peintures de Camille Pissarro disposent d’une cote et d’estimations élevées et ascendantes. Celles-ci peuvent s’appuyer sur une importante exposition muséale. Les tableaux de Pissarro réalisent régulièrement des prix mirobolants en vente aux enchères, se chiffrant à plusieurs millions d’euros. Les valeurs s’envolent pour les peintures du début de l’impressionnisme, les paysages aux effets de lumière spectaculaires et les vues de Paris. Les places américaine, britannique et française sont particulièrement dynamiques dans la vente des tableaux de Pissarro.
Les gouaches illustrant une scène de la vie paysanne ou un paysage comptent parmi les dessins de Camille Pissarro les plus prisés des collectionneurs. Les estimations et prix d’achat débutent autour de 50 000 euros mais dépassent volontiers 200 000 euros. Quelques dessins exceptionnels par leur degré de finition et la vibration de leurs couleurs dépassent même le million d’euros. En 2015, une gouache et pierre noire sur papier de 1881, intitulée « Paysannes travaillant dans les champs, Pontoise » a été adjugée 1 150 000 € en vente aux enchères (Christie’s Paris). Les gouaches représentant une scène de genre, plus rares, réalisent également d’excellents prix. En 2013, une gouache sur soie marouflée sur toile de 1889 intitulée « La foire de Gisors » a été adjugée 548 488 € (Christie’s New York).
Les pastels de Camille Pissarro revêtent des estimations plus modestes mais conservent une grande valeur. Pour ce type de dessins, les estimations et prix d’achat oscillent entre 20 000 et 50 000 euros. En 2016 cependant, un pastel sur papier marouflé sur toile de 1880 intitulé « Rue de village à Auvers » a été adjugé 567 116 € (Sotheby’s Londres), un record pour un pastel de Pissarro vendu aux enchères.
Les dessins à l’encre, au crayon et au fusain de Camille Pissarro sont plus accessibles et disposent d’une cote plus variable. Si les estimations débutent à 1 000 euros pour les esquisses, ils trouvent généralement acquéreur entre 5 000 et 10 000 euros. Les dessins très aboutis et au sujet rarement traité par ce médium excèdent de loin ces montants. En 2015, un dessin à l’encre et au lavis sépia de 1897 intitulé « Fiacres sur le boulevard Montmartre » a été adjugé 351 400 € (Christie’s New York).
Du fait de la grande popularité des œuvres de Camille Pissarro, des faux peuvent circuler sur le marché. Si vous avez un dessin de Pissarro et que vous souhaitez le vendre, nous vous conseillons fortement de procéder à une expertise par un expert d’art, qui en donnera l’estimation la plus proche de sa valeur.
« La récolte des pommes de terre », Gouache et crayon sur soie marouflée sur panneau, vers 1886, 28,5 x 40,6 cm, Camille Pissarro, adjugé 1 090 832 euros en 2018 (Christie’s New York)