Georges JOUVE (1910-1964) (France)
Pied de lampe dit « Diabolo »
En céramique émaillée noire. Signée sur le dessous « Jouve » et sigle « Alpha ». 1954
H. 40 cm.
Georges Jouve est l’un des plus grands céramistes français d’après-guerre. Autodidacte de la céramique, l’artisan et artiste va tendre toute sa vie vers la sculpture et l’architecture, conjuguant quotidien et monumental. Procédant d’une maîtrise technique et d’une économie de moyen extraordinaires, ses pièces variées clament l’utilité supérieure du beau. L’artiste est reconnu et collectionné dès son vivant dans le monde entier et jouit aujourd’hui d’une notoriété digne de son apport à l’art du XXe siècle.
Le pied de lampe dite « Diabolo » de 1954 que nous avons l’honneur de vous présenter constitue un exemple caractéristique de la recherche effrénée de Georges Jouve de l’épure et de l’expression universelle. Elle en constitue un des plus touchants témoignages.
La profondeur d’un noir novateur
À contre-courant de son époque, Georges Jouve revêt ses céramiques de noir dès 1946. Sa maîtrise extraordinaire de la technique lui permet d’aboutir à un noir d’une profondeur et d’un éclat métallique rares. Suscitant l’engouement, le noir est ensuite repris par d’autres centres de céramique comme Vallauris, mais avec moins de talent. En réaction, Jouve abandonne le noir pour se consacrer…au blanc. Les pièces noires de Georges Jouve demeurent encore aujourd’hui les plus recherchées de l’artiste.
Une forme qui échappe à l’anecdote
Les années 1950 sont pour Georges Jouve une période d’intense créativité. Abandonnant la figuration, il concentre tout son talent à la recherche de l’épure. Jouve est persuadé, comme Cézanne en son temps, que « tout dans la nature, s’organise autour du cône, de la sphère et du cylindre ». Cependant, fuyant la forme parfaite, il cherche le vivant dans l’asymétrie, le décalage. Notre lampe dite « Diabolo » de 1954, par la noblesse de sa ligne et l’équilibre de sa forme, procède de cette quête existentielle. Elle est réellement un manifeste de la recherche d’absolu de George Jouve, recherche qui reste la marque des grands artistes.
Une pièce rare
Georges Jouve ne cherchait généralement pas à produire de la rareté. Il privilégiait une diffusion relativement large de ses pièces et des prix accessibles compte tenu de son talent et de son exigence. Aujourd’hui, certaines pièces de Jouve sont plutôt fréquentes sur le marché de l’art comme les bouteilles dites « Pomme » ou les vases « cylindres » édités en nombreux exemplaires. L’extrême rareté de la lampe dite « Diabolo » sur le marché lui confère un statut différent de la production « commerciale » de Jouve. Elle accède au rang de véritable œuvre d’art.
BIBLIOGRAPHIE
Philippe Jousse (dir.), « Georges Jouve », Jousse Entreprise, Paris, 2006. Modèle similaire reproduit p. 194.