Combien vaut une sanguine ?
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Avant de qualifier un type de dessin, la sanguine désigne un ensemble de couleurs se rapprochant du rouge terre, et parfois de l’orange, de l’ocre, du marron ou du beige. Historiquement produite depuis l’hématite, roche contenant une importante dose d’oxyde de fer, la couleur sanguine a été utilisée dès la Renaissance pour l’exécution de croquis, d’études de nu ou de coloration des dessins. Avec la pierre noire et la craie blanche, elle est un élément du « dessin aux trois crayons », généralement sur papier teinté bleu.
L’autoportrait de Léonard de Vinci à la sanguine en constitue un témoignage emblématique de l’emploi de cette technique de dessin à la Renaissance. La sanguine a ensuite été abondamment employée au cours du XVIIIe siècle, notamment par Antoine Watteau, Jean-Honoré Fragonard, Hubert Robert ou Jacques-Louis David. Si elle tombe ensuite dans une relative désuétude, plusieurs artistes continuent de l’utiliser dans leurs dessins aux XIXe et XXe siècles. Citons par exemple Auguste Renoir ou, dans une moindre mesure, Pablo Picasso.
Sur le marché de l’art, la cote et les estimations des sanguines sont généralement supérieures à celles des dessins au crayon et au fusain et inférieures à celles des aquarelles, gouaches et pastels. Les dessins à la sanguine sont souvent des études préparatoires ou des croquis témoignant du processus créatif d’un peintre ou d’un sculpteur. Elles n’en constituent pas moins des œuvres en soi, notamment chez les maîtres français du XVIIIe siècle, qui manient parfaitement la technique.
C’est d’ailleurs chez ces derniers, en particulier Watteau et Fragonard, que la sanguine réalise les prix d’achat les plus élevés. En 2018 par exemple, une sanguine d’Antoine Watteau représentant un jeune homme de trois quarts a été adjugée 337 723 € en vente aux enchères (Sotheby’s New York). Les dessins réalisés à la sanguine par des maîtres italiens de la Renaissance, plus rares, peuvent également voir leur prix dépasser les estimations. En témoigne la sanguine d’Andrea del Sarto vendue en 2016 à près de quatre millions d’euros, soit huit fois son estimation initiale (Gestas-Carrère Pau).
Si vous possédez un dessin à la sanguine, nous vous recommandons vivement de recourir à une expertise effectuée par un expert d’art afin d’en établir l’estimation la plus proche de sa valeur sur le marché.
Antoine Watteau, « Étude de deux soldats, l’un agenouillé, l’autre allongé », Sanguine sur papier, 13 x 15,3 cm, adjugée 141 696 € en 2015 (Sotheby’s Ne York)