Anton Pevsner : sa cote sur le marché de l’art
Sculpteur, peintre et dessinateur, Anton Pevsner (1884-1962) est notamment connu pour avoir développé le mouvement constructiviste en Union Soviétique. Auteur, avec son frère Naum Gabo, du « Manifeste du constructivisme » en 1920, défendant un « art impersonnel et scientifique », il est, aux côtés de Vladimir Tatline, Alexandre Rodtchenko et Lazar Lissitzky l’un de ses représentants emblématiques. Plus tard, en 1931, il cofonde, avec notamment Auguste Herbin, le mouvement Abstraction-création à Paris. Il laisse de nombreux dessins, quelques peintures et sculptures, d’une grande originalité et d’une implacable exigence dans sa recherche formelle et spatiale.
De son vivant, bien que saluée pour sa modernité et son iconoclasme, l’œuvre d’Anton Pevsner a connu une notoriété tardive sur le marché de l’art. Il participe de fait aux deux premières éditions de la Documenta en 1955 et 1959, et représente la France à la Biennale de Venise en 1958. Aujourd’hui, la cote des œuvres d’Anton Pevsner peut s’appuyer sur une importante exposition dans les grands musées d’art moderne, tels que le MoMA, le Musée Guggenheim, la Tate Modern et le Centre Pompidou. Les estimations et les prix d’achat des dessins sont stables et raisonnables, au vu de leur relative profusion sur le marché ; tandis que les peintures des années 1910 et 1920 et les sculptures réalisées en fin de carrière présentent des valeurs élevées, potentiellement spéculatives dans le cadre des ventes aux enchères, eu égard à leur rareté et leur modernité.
Anton Pevsner : prix, achat, vente et enchère
Les sculptures d’Anton Pevsner, souvent uniques ou à tirage très limité, sont rares sur le marché de l’art et présentent une cote élevée et ascendante, en particulier les assemblages. Aux enchères, les prix de vente dépassent régulièrement les estimations, et peuvent approcher le million d’euros. En témoigne la sculpture intitulée « Deux cônes dans un même plan », de 1939, composée de cuivre et de laiton peints, de 39,9 x 63,5 x 37,5 cm, adjugée 899 175 €* en 2018 (Christie’s Londres). La dernière enchère concernant une sculpture en bronze d’Anton Pevsner remonte à 2015, où une sculpture en bronze à patine dorée de 1961, de 100,5 cm de hauteur, intitulée « Construction spatiale aux troisième et quatrième dimensions », numérotée 2/3, fondue par Susse, avait été adjugée au prix d’achat de 537 235 €* (Christie’s Londres).
Pour une peinture d’Anton Pevsner, réalisée entre 1914 et 1925, les estimations et prix de vente dépendent beaucoup du support. En effet, Pevsner utilisait des techniques audacieuses, ne garantissant cependant pas toujours une bonne conservation de l’œuvre. Ainsi, en 2018, une huile, gouache et encaustique sur carton préparé de 51,5 sur 35,5 cm, exécutée entre 1918 et 1925, intitulée « Création linéaire », a été adjugée 88 350 €* (Christie’s Londres), loin cependant des 227 635 €* (Sotheby’s Londres) de l’huile sur toile « Femme avec oiseau », de 86,5 sur 108 cm, adjugée en 2005, peut-être le seul tableau figuratif de l’artiste ayant circulé sur le marché.
Les dessins (crayon, fusain ou mine de plomb sur papier ou sur papier calque) d’Anton Pevsner, pour la plupart réalisés entre 1918 et 1925, sont essentiellement des compositions constructivistes. Catégorie plus profuse et accessible que les sculptures et les peintures, les estimations et prix d’achat des dessins débutent à 500 euros, mais varient en moyenne entre 1 000 et 3 000 euros. Les compositions précoces, exécutées entre 1917 et 1920, sont généralement plus valorisées. En 2012, une œuvre au crayon sur papier « Sans titre » de 1917, de 43,2 sur 38,3 cm, a été adjugé 20 820 €* aux enchères (Galerie Kornfeld Berne), un record pour un dessin d’Anton Pevsner.
« Création linéaire », Huile, gouache et encaustique sur carton préparé, 1918-1925, 51,5 x 35,5 cm, Anton Pevsner, adjugée 88 350 euros frais compris en 2018 (Christie’s Londres)
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